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Remontée de la péninsule Thaïlandaise

Nous voilà dans un nouveau pays! Après 45 jours en Malaisie, nous avons traversé la frontière thaïlandaise. Tout juste de l'autre côté, nous avons franchi la barre symbolique des 2000km pédalés ensemble!! 2 bonnes raisons de sabrer le champagne 😁🚴🏼‍♀️🚴🏽‍♂️🇹🇭 Les dramatiques plages thaïlandaises s'offrent à nous.


Déambulation sur la côte Ouest :


Lorsque l’on pense au Sud de la Thaïlande, au nord de l’appendice sud-est asiatique, notre imaginaire nous renvoie nécessairement vers l’image de hautes falaises hachées surplombant les criques et plages de sable blanc. Passés les longs champs d’hévéas et les inévitables palmiers du sud de Satun, respectivement aliénés en arbres à caoutchouc et arbres à huile ; les premiers colosses de calcaires nous saluent finalement et nous guident vers les bivouacs rêvés dans la province de Trang.



Comme nous l’imaginions également, la Thaïlande d’aujourd’hui est cependant profondément polluée par le tourisme des masses. Entendons-nous : ce sont en premier lieu la culture et la nature empathique de l’Homme, qui se voient ici polluées. Dans notre déambulation cycliste, nous traversons des campagnes reculées et transperçons des poches touristiques ridiculement concentrées. Nous apprécions pleinement le schisme entre les deux Thaïlande, observons ces deux mondes qui se côtoient de si près mais, surtout, jamais ne se mélangent. D’un côté, les sourires et l’échange sont la règle ; de l’autre, nous nous voyons transformés en porte-monnaie roulant et renonçons aux contacts chaleureux. La différence est tristement frappante. Pourtant, que les falaises de Railey sont belles. Coupées au couteau dans la côte de Krabi, prolongées de longues stalactites et teintées d’ocre, elles abritent sans doute les plus splendides plages qu’il nous ait été donné de voir. Il faut prendre de la hauteur pour les admirer, s’échapper des masses qui s’agglutinent sur le sable et fuir à tout prix la feue ville d’Ao Nang, porte d’entrée de ce paradis perdu. Elle, réduite à la condition de place touristique mondiale, semblable à ses clones aux 4 coins du globe, n’est plus thaïlandaise.



Mais loin des folles foules côtières, nous pouvons sur nos montures égoïstement dévorer les monts de calcaires de Khao Sok. Eux s’érigent, au détour de chaque lacet, dans le chaotique paysage vallonné. Des dizaines de kilomètres de splendides formations rocheuses pour nous seuls.



Mais loin du fou tourisme, nous pouvons serpenter librement entre les temples bouddhistes, ponctuant singulièrement les paysages de leurs couleurs. L’un surplombe la mer, l’autre se perd dans la montagne ; tous se rassemblent dans l’hospitalité et l’accueil du voyageur : les maisons de Bouddhas sont souvent nos toits pour la nuit.


La côte ouest thaïlandaise se termine pour nous. À l’image de ce récit, rarement nos sentiments n’ont été aussi antagonistes et décousus.


Une journée sur la côte Est :


Ce surlendemain de Noël, nous quittons la paisible Ban Krut et sa longue plage de sable blanc. Nous prenons le temps de flâner une dernière fois dans le marché matinal où nous faisons le plein de mangues et de bananes, et retournons manger une soupe de riz à la même table que la veille. Le sourire chaleureux de la cuisinière et le délicieux parfum de gingembre nous avaient séduits. Comme chaque jour depuis que nous l'avons rejointe, la côte Est thaïlandaise nous régale de petites routes désertes, encadrées de cocotiers et ne s'éloignant jamais trop de la mer azur. Une balade à 4 roues. Dire que certains nous imaginent souffrant en héros sur nos vélos, s'ils savaient quelle est la réalité ! Nous approchons doucement du diaphragme du pays. Petit à petit, les montagnes et la mer du Golfe de Thaïlande se resserrent, réduisant le royaume à une minuscule bande large de 10km.

Nos rêves et discussions sont coupés courts lorsque notre chemin déboule sur l'autoroute 4. La Thaïlande s'est tant amaigrie qu'il n'y a plus de place que pour cette immense artère, reliant le sud et le nord du pays. En quelques minutes, nous voilà passés d'un extrême à l'autre. 20 km de vide débutent. Il n'y a ici rien d'autres à faire que pousser fort sur les pédales, pour s'extirper du piège aussi vite que possible. Sur le bas côté de la route, nous sommes assourdis et propulsés par le vent du flot de véhicules incessant à notre droite. Sur notre gauche, les montagnes se dressent. Leurs cîmes marquent la frontière avec la Birmanie. Nous nous échappons sans demander notre reste à la première occasion. Le voyage reprend, nous respirons et nous entendons. Et nous voyons. Nous voyons Prachuap Khiri Khan approcher et l'émerveillement aussitôt venir nous réconforter. S'émerveiller, voilà ce qui nous guide, lorsque nous laissons la Terre s'exprimer. Des âmats de collines se lèvent sur la mer. Ici, une végétation courte et moussue recouvre les bases calcaires. Certaines forment des vagues vertes géantes qui semblent prêtes à nous recouvrir, d'autres falaises montent verticalement vers le ciel. Il est seulement 14h, mais nous ralentissons. Ces paysages nous subjuguent; ils valent bien la peine d'y zigue zaguer sans se presser jusqu'au soleil couché.


Il est alors temps de bivouaquer. À la sortie de Prachuap Khiri Khan, nous sommes accueillis dans un splendide monastère de bois face à la mer. Les moines se chargent de compléter notre repas tandis que nous montons la tente dans leur cours -directement sur la plage. Une journée s'est passée. La soupe de riz parfumée de Ban Krut est loin derrière nous.

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